Mille eaux, le recueil de souvenirs d’enfance d’Émile Ollivier, montre de façon exceptionnelle qu’on ne revient pas indemne de l’étonnement haïtien. Inscrivant au coeur du texte, comme au coeur de son existence initiale, dans la thématique et dans l’écriture, les nombreuses failles qui ravinent les représentations du champ social haïtien, l’auteur se situe résolument dans un entre-deux des langues et des cultures qui fonde une solitude paradoxale : cette situation lui permet d’approcher au plus près et de nommer ces représentations, mais en même temps l’oblige à s’en détacher. Les figures marquantes de la séparation et de l’exil, de l’écart et de la marginalisation vont ainsi de pair avec celles de l’exubérance lyrique de la description, illustrée notamment par les images du flux et de l’écoulement traversé, celui des Mille eaux.
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